Gigantomachia - Chapitre 1

Chapitre 1 : Les Saints d'Athéna

1.

La "Mythologie" est la systématisation d'une culture et de ses différentes explications de la naissance de l'humanité. C'est par définition tellement étendu que même si les poètes épiques les plus passionnés pouvaient raconter toutes les légendes, il serait tout à fait impossible de toutes les consigner en un livre. A cause de l'incessante évolution de la Mythologie, il y a des théories différentes, parfois contradictoires, et tout le temps passé à discuter, ou à tenter de rendre plusieurs versions cohérentes ne mènerait à rien, sinon à tuer le temps.

Sous l'antiquité, les Grecs étaient appelés Hellènes, en référence à leur pays. Même aujourd'hui, la Grèce est appelée "République Hellène" chaque fois que son équipe d'athlètes défile lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques.
Le nom que nous connaissons provient du latin et était initialement utilisé par les étrangers. En fait, le mot "Grèce" existe uniquement en italien (Grecia) et a été traduit dans plusieurs langues pour former des idiomes tels que "Grèce" en français. Ce genre de confusion est plus fréquent qu'il n'en a l'air. Les Japonais par exemple, appellent leur pays "Nippon" ou "Nihon", mais pas Japon (ou d'autres déclinaisons selon les langues), nom sous lequel le pays est pourtant connu dans le reste du monde.
La Mythologie nous raconte que le Monde tel que nous le connaissons aujourd'hui est né lorsque Zeus a provoqué un déluge afin d'éliminer l'humanité. Il était le plus puissant de tous les dieux Grecs et a vu les humains comme étant une race cruelle et médiocre. Seul un couple a pu échapper à cette catastrophe : Deucalion, fils du sage titan Prométhée, qui a donné aux humains le feu réservé aux immortels, et Pyrrha, fille de Pandore, la première femme qui avait reçu tant de dons de la part des dieux. Leur fils aîné fut nommé Hellen et devint le père légendaire du peuple grec.

Le Sanctuaire
La résidence de la déesse Athéna se situe non loin d'Athènes, la plus grande cité de Grèce, toutefois, on ne peut la trouver sur aucune carte connue. C'est une montagne sacrée, complètement isolée du reste de l'univers, séparée de notre monde par des étoiles et d'épais nuages.
Même les satellites espions les plus avancés et les plus précis ne pourraient repérer ce lieu, complètement recouvert par la très puissante Volonté des Dieux et protégé par des boucliers divins qui rendent impossible toute intervention extérieure, quelle qu'elle soit.
C'est le Sanctuaire et son existence dépasse la logique et la compréhension humaines. Le chercher est similaire à essayer de trouver un Dieu, et douter de son existence est aussi dangereux que de douter de celle du Créateur.

La nuit tombe.
« Pourquoi les étoiles sont-elles aussi agitées ? » murmure Yulij en réarrangeant ses cheveux argentés.
Sa question demeurait sans réponse. Elle est seule dans un observatoire, un lieu circulaire à ciel ouvert au sommet d'une montagne. Le ciel nocturne ressemble à un planétarium, dégagé et rempli d'étoiles, comme si la forte pollution urbaine d'Athènes n'existait pas. A ses pieds, le sol était la mosaïque d'une carte divisée en douze montrant les quatre points cardinaux.
Aries, Taurus, Gemini, Cancer ...
« C'est comme si les étoiles tombaient de la Voie Lactée ... »
Yulij est dans un lieu d'observation stellaire. Ses vêtements ressemblent à ceux que les anciens Grecs portaient : une robe blanche surmontée d'une tunique écarlate, accrochée avec une broche à son épaule droite. Son visage est caché par un masque, mais différent de ceux que l'on voit dans les théâtres et les festivals. C'est un masque de silence, crée uniquement pour cacher toute expression d'émotion humaine.
« ... Encore ! » Une autre étoile tombe vers l'Est.
Tous les humains naissent, meurent, et se réincarnent sur le modèle des étoiles. Les observer est un bon moyen pour mieux comprendre notre monde. Pas une fois Yulij ne détourne son regard du ciel.
« Maître Nicole aurait pu être là s'il n'était pas allé au théâtre avec ce garçon mignon. »
Haut dans le ciel, un triangle était visible. Ses sommets éblouissants sont formés par Deneb, Vega et Altair, les étoiles les plus brillantes des constellations du Cygne, de la Lyre, et de l'Aigle. Il y a un espace vide sur la carte du ciel, juste sous la constellation de la Vierge, qui essaie de se cacher sur l'horizon. C'est dans cet espace vide que Yulij voit la chute de plusieurs étoiles formant un chaudron de flammes.
« Il faut prévenir Athéna ! »
Yulij est une prêtresse-assistante dans le Sanctuaire, et c'est sa mission. Yulij appelle la déesse en disant son nom à voix haute.
Athéna existe dans un corps fait de chair et de sang comme ses Saints. Elle est la protectrice de l'Amour et de la Paix sur la Terre et elle demeure dans cet endroit sacré.
Soudain, Yulij sent une entité meurtrière approcher. Un frisson parcourut son échine, aussi réel que l'impression d'avoir un couteau pressé contre sa nuque. Un ennemi ; et elle en était elle-même la cible.
* Mais comment ? Je n'ai même pas eu conscience de... * pense-t-elle confuse.
« Tu es une prêtresse guerrière, » dit l'attaquant.
« Oui, je suis Yulij du Sextant ! »
Paralysée, elle n'a pas d'autre choix que de parler à l'étranger derrière son dos.
« Es-tu conscient d'avoir violé le Sanctuaire d'Athéna ? »
L'attaquant ne répond pas et Yulij se sent encore plus incertaine, sachant qu'elle vient de poser une question stupide. Personne ne rentre dans l'endroit sacré "par hasard". Ce serait impossible de passer ses barrières sacrées "sans le vouloir".
« Qui t'envoie ? »
« Toute femme devenant Saint doit porter un masque, pour cacher totalement sa féminité. C'est une règle ... »
Yulij est encore plus confuse à ce moment. Un bruit sourd et son masque tombe par terre, se brisant en deux.
« ... et c'est ton visage. »
Yulij lève instinctivement les mains pour protéger son visage. Son opposant utilise cette opportunité pour porter un coup à son abdomen à découvert, faisant voler son corps et le faisant percuter avec tellement de force contre le sol que Yulij perd connaissance.
L'attaquant observe la mosaïque sur le sol avec dédain et rit d'un air moqueur.
« Ha ! »
Le cri produit une vague d'énergie similaire à celle d'un impact de météore, détruisant le sol de l'observatoire, ce qui réduit la carte zodiacale à l'état de nuage de poussière.

 

2.

Un coup de pied réveille un homme de sa sieste et le fait dégringoler d'une dizaine de marches.
« Debout ! »
« Aïe, ça fait mal ! Et en plus j'ai ... » il marque une pause. Le ton de sa voix change du tout au tout lorsqu'il réalise qui l'a réveillé.
« Ouille, ouille, ouille... ! »
« Combien de coups de pied vais-je devoir vous donner avant que vous ne vous leviez ? Quelle bande de paresseux ! » s'exclame un mince garçon japonais.
« B... bonsoir, Seiya ! » Répond l'homme des escaliers, en secouant ses camarades toujours en train de dormir. Tous trois portent une armure de cuir, l'uniforme des défenseurs du Sanctuaire.
S'il allait à l'école, Seiya serait au lycée. Son corps léger, n'atteignant même pas le mètre soixante-dix, ne ressemble en aucun cas aux combattants professionnels, puissants et musclés. Ses cheveux formant des vagues donnent une impression de dynamisme et son regard pénétrant montre quelque chose de plus que l'habituelle énergie de la jeunesse. Avec ses vêtements et sa protection de cuir, il a l'air prêt pour une fête bizarre.
« Les gars ! Vous êtes la garde de nuit ; vous devez garder le Sanctuaire sans dormir ! »
« Oui ! Évidemment ! »
« Pourquoi dormiez-vous alors ?! » continue le garçon. « Vous êtes imprudents ! Ce n'est pas parce que nous sommes en temps de paix qu'un ennemi ne va pas apparaître ! »
Seiya parle avec autorité, comme un commandant donnant des ordres à son unité.
« Et c'est à cause de ça, entre autres, que vous resterez toujours de simples soldats ! » conclut-il en s'éloignant du groupe et laissant derrière lui les soldats morts de peur. « Je sais bien que cette nuit d'été est parfaite pour un petit somme ! »
Seiya aussi est en service, mais sa surveillance est solitaire. Il a la malchance d'avoir été choisi pour la garde de nuit avec cette chaleur. En fait, ça aurait été mieux s'il avait accepté l'invitation de Shun. Il aurait passé du bon temps à Athènes. « Mais regarder une pièce de théâtre aussi ancienne ? Qu'est ce qu'Andromède trouve amusant là-dedans ? »
Le sermon oublié, Seiya bâille et recouvre son calme. Le ciel est rempli d'étoiles.

Ce lieu a toujours été le Sanctuaire d'Athéna.
Les Douze Maisons forment une route escarpée autour de la montagne rocheuse. Elles sont appelées les Maisons du Zodiaque : Bélier, Taureau, Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne, Verseau et Poissons. Ce chemin tortueux mène à la Salle du Pope et au Temple d'Athéna, le plus sacré de tous.
Le Colisée se tient au pied de la montagne, au milieu d'autres constructions, telles que des maisons ou l'Horloge du Zodiaque. Comme à Delphes, célèbre pour son oracle, La cité s'élève autour du monument sacré. Dans ce même espace cohabitent différentes architectures, parfois séparées par mille ans d'histoire. Les ruines antiques prouve que ce lieu a été utilisé sans interruption durant plusieurs ères. Ce lieu est le quartier général des Saints qui défendent la Terre.
Depuis les plus anciens mythes, Athéna est victorieuse dans chaque bataille contre la colère divine. Toutes ces histoires nous disent que la déesse de la guerre n'a jamais été vaincue dans son combat pour défendre la paix. Et le Sanctuaire n'est jamais tombé devant les forces du mal.

Soudain, Seiya s'arrêta.
« Quelle est cette sensation ? » Un mauvais pressentiment. Il se retourne vers l'observatoire en haut de la montagne.
« Aaaaaaahhhhhh ! »
Le cri surprit Seiya.
« Comment... » Alarmé, il remonte l'escalier aussi vite qu'il peut, montant les marches quatre à quatre. Une étouffante odeur de sang arrêta son souffle un instant. L'odeur est trop forte, comme si elle venait de sa propre bouche.
« Un rat de plus ! » Dit une voix venant des ombres, tandis que les pauvres victimes à l'origine du cri horrible sont devant le chemin de Pégase.
« Mais ce sont... »
Le premier a tous ses os broyés. Apparemment, ils se sont brisés sous une énorme force. Le deuxième est perforé de partout, comme par des aiguilles. Le dernier corps est déformé, sa peau a été arrachée, comme l'épluchure d'une pomme.
Ce sont les trois gardes qui dormaient tout à l'heure. Morts. Des Soldats d'Athéna tués dans son propre Sanctuaire ! »
« Qui est là ? » crie Seiya de Pégase vers ses ennemis restés cachés dans l'ombre jusque là. Il peut maintenant discerner deux des attaquants qui ont souillé ce lieu sacré avec du sang.
« Agrios, la Force Brute ! » se présente d'une voix retentissante un géant de plus de deux mètres, si grand qu'on dirait qu'il pourrait cacher les étoiles.
« Thaos, l'Eclair Rapide ! » dit l'autre, certes grand, mais moins que le premier.
« Et enfin, je suis Pallas, la Stupidité ! » dit la troisième voix, la plus terrifiante. Seiya est paralysé devant la silhouette de la dernière créature. C'est un démon.
Pallas a de longs bras et des épaules courbées comme celles d'un bossu dans les contes européens. Sa colonne vertébrale est tellement pliée que sa petite tête squelettique est à la même hauteur que celle de Seiya. Le monstre semble dégager une terrifiante attraction du même genre que celle que les chimères ont sur les hommes.
« Qu... Quelle est cette armure ? » Balbutie Seiya.
« C'est l'Adamas ! Ignorant ! L'armure de la toute puissante Terre qui protège les Géants », répond Pallas en ouvrant ses bras comme des pattes d'araignée en guise de menace.
C'est une armure de diamant qui peut aussi être appelée "armure de cristal". Elle est composée de plusieurs couches de cristal d'un éclat hypnotique. Seiya constate que les deux autres portent la même armure.
« Géants ? » demande le garçon ébahi. « Qui sont les Géants ? »
L'ignorance de Seiya met Agrios en colère.
« Athéna ! Et ses Saints ! Comment ont-ils pu oublié jusqu'au nom des Géants ?! »
« Calme-toi, Agrios. »
« Mais Thaos... ! »
« C'était prévisible. » continue le deuxième opposant. « Nous, les Géants, avons été emprisonnés par Athéna lors de la Gigantomachie dans les temps anciens. Rends-toi compte que plusieurs ères se sont écoulées pendant que nous errions dans le Néant entre la Terre Gaïa et le Tartare. Il suffit de regarder le ciel. Même l'Etoile Polaire s'est déplacée durant notre absence. De nombreux astres se sont éteints, et d'autres sont apparus dans le firmament.... »
« Tss ! Arrête de jouer les poètes, Thaos ! » l'interrompt Pallas, tout en pointant ses griffes vers Seiya.
Les doigts du monstre sont ridiculement longs, beaucoup plus que ceux d'une personne ordinaire., et frottés les uns contre les autres, ils produisent un son strident et métallique. L'armure de diamant brille d'une terrifiante lumière rouge foncée qui fait ressembler sa main à une araignée venimeuse. « Tu as utilisé tes griffes sur eux ! » l'accuse le garçon.
« Tu sais, la peau d'un gamin est facile à arracher ! » répond la créature, avec un air sadique. Puis il crie.
« Prends-ça ! PUPPET CLAW ! »
Seiya tente d'esquiver l'attaque de Pallas, mais celle-ci érafle son nez et coupe quelques-uns de ses cheveux. Sans avoir l'occasion de se remettre en garde, il est aussitôt attaqué par Agrios qui le charge telle une bête gigantesque, le projetant dans les airs.
« Ohhhhh... ! » Le corps de Seiya retombe lourdement sur le sol. « Cet Agrios est incroyablement fort ! Et dire qu'il m'a à peine effleuré...»
« Je vois que tu encaisses bien ! Tu as l'air plus fort que ces macchabées. »
« Arrête de te vanter, imbécile ! » répond Seiya en se relevant tant bien que mal. « Tu ne me compares pas à de simples soldats, si ? »
« Tu as juste de bons réflexes ! »
« Seiya ! » Leur dispute est interrompue par une nouvelle voix venue de nulle part.
« Kiki ! C'est toi ? »

Un garçon en short, aux cheveux bouclés, observe les intrus d'un regard terrifié. Il doit avoir environ cinq ans de moins que Seiya. Ses sourcils sont rasés, peut-être à cause d'un rite cérémonial, et à leur place se trouve un curieux dessin.
« Je suis venu parce que j'ai senti une présence suspecte ! Qui sont-ils ? » Son visage associe les caractéristiques physiques de plusieurs ethnies et il semble aussi oriental qu'occidental. En japonais, Kiki signifie "démon honorable". Chose étrange, le jeune garçon flotte dans les airs, sans être soutenu par quoi que ce soit, après être apparu de nulle part.
« Téléportation ? Ce nain a des pouvoirs paranormaux ? »
« Juste à temps, Seiya. Je vais t'aider avec ma télékinésie ! » crie Kiki avant que son ami ne puisse dire un seul mot. A cet instant, une espèce de cube traverse le ciel, entouré d'un halo de lumière. Son éclat est tel que les Géants se cachent les yeux. C'est une boîte en bronze, ornée de bas-reliefs représentant un cheval ailé. Il s'ouvre en en provoquant un rayon de lumière.
Les attaquants interdits observent l'apparition de l'énorme statue d'un cheval ailé, entouré d'un cosmos blanc et bleu. Un véritable héritage de l'âge des mythes... Et une preuve de l'existence des Saints. La plus puissante source de pouvoir sur Terre.
« Pégase ! »
Avec ses mots, la statue prend vie et hennit, comme en réponse à Seiya. Puis elles se divisent en plusieurs parties qui recouvrent le corps du garçon.
Tête. Epaules. Poitrine. Bras. Ceinture. Jambes.
« Aah ! » Le corps gigantesque d'Agrios est projeté à travers la montagne avec tant de force que la roche se fissure. Il tousse et se tient l'abdomen, en essayant de ne pas vomir.
« Impossible ! Un coup invisible ? »
« Je t'avais dit que tu te vantais ! »
Même le meilleur lutteur ou artiste martial, que ce soit de karaté, de boxe ou de Muay Thaï, est incapable de vaincre en un seul assaut un adversaire faisant trois fois son poids.
Mais Seiya est différent. En lui règne la volonté de se battre pour Athéna. Quand son poing fend l'air, frôlant la tête d'Agrios, son mouvement produit une vague d'énergie, signifiant que son attaque a été plus rapide que le son.
Et cela prouve qu'il est un guerrier choisi par les constellations ornant le ciel.
« Tu es un Saint ! »
« Seiya ! Je suis Seiya, de la constellation de Pégase ! »
Ce pouvoir légendaire provient de la statue de Pégase sortie de la boîte en bronze, qui s'est divisée afin de devenir une armure impénétrable.
Les ailes étendues comme des éventails couvrent maintenant ses épaules. La tête est devenue un casque, et le corps un plastron. Le cou de l'animal s'est placé au poignet droit de Seiya et sa queue est devenue une ceinture. Les pattes se sont transformées afin de couvrir ses jambes des cuisses jusqu'aux orteils.
« Il faut savoir » crie le garçon « que je suis TRES brave ! »
L'armure bleue et blanche de Pégase provoque en Seiya une explosion d'énergie.
« PEGASUS RYU SEI KEN ! »
« Quoi ? Ses coups se sont multipliés ! » demande le colosse en voyant des rayons de lumière se propager dans toutes les directions.
Soudain, un bruit sourd interrompt le poing supersonique de Seiya. Il est arrêté par Thaos, l'Eclair Rapide, qui se contentait jusqu'ici d'observer le combat.
« Calme-toi Agrios ! » dit le deuxième géant, s'arrêtant devant Seiya. « Tu ne peux pas comprendre les limites de cette attaque. Ces poings multiples ne sont rien ! Pour moi, ils sont aussi rapides que des escargots ! »
« Comment put-il être aussi rapide ? » Seiya est surpris et confus. Thoas a été capable, non seulement d'éviter tous ses météores, mais également d'attraper son poing.
« C'est vrai qu'il n'aurait pas dû sous-estimer la puissance d'un Saint revêtu de son armure sacrée. » continue Thoas, serrant plus fort le poing du garçon. « Je vais te montrer un truc, gamin ! »
« Réfléchis un peu » provoque Pallas. « Penses-tu vraiment qu'un Saint ait une chance de nous vaincre tous les trois ? »
« Zut » Seiya est encerclé.
Les trois Géants commencent à émettre une pression invisible, faisant perdre sa concentration à Kiki qui tombe au sol.
« Aïe ! Quelle est cette technique ? » Sans trouver de réponse, il regarde perplexe l'arrivée d'un nouvel intrus qui porte sur l'épaule Yulij du Sextant, inconsciente.
« Mademoiselle Yulij ?! » Kiki reconnaît la fille à cause de ses cheveux argentés et de sa tunique écarlate, propre aux officiels du Sanctuaire, mais étant évanouie, elle ne répond pas à son nom. Seiya ne comprend pas pourquoi il ne s'est pas rendu compte plus tôt de la présence d'un quatrième intrus. C'est difficile à croire. Seul quelqu'un possédant un puissant pouvoir peut échapper aux perceptions d'un Saint.
Le nouvel intrus disparaît aussitôt, discrètement, avec Yulij.
« Il a disparu ! Comment ? » Seiya ne sait pas quoi en penser.
« C'est bon, Agrios, Pallas, notre diversion a rempli son rôle. » dit Thoas à ses compagnons. « Avez-vous oublié notre objectif ? »
« Non ! »
« Grrr... tu as raison. »
Agrios et Pallas disparaissent dans les ombres de la nuit.
Thaos reste quelques instants.
« Seiya de Pégase ! Nous t'épargnons pour que tu puisses porter notre message à Athéna ! » explique-t-il. « Dis-lui de venir en Sicile si elle veut récupérer la fille. Nous les géants seront là. Nous les descendants des anciens dieux, nés de la déesse-mère Gaïa, et emprisonnés dans les profondeurs du Néant ! »
Puis il se fond dans les ténèbres pour disparaître à son tour.
« Quoi... Qui êtes-vous ? » La voix de Seiya fait écho, en vain. Il n'y a plus aucun signe des intrus. Le garçon a l'air de se réveiller d'un cauchemar. S'il n'y avait pas les cadavres des gardes, ni l'odeur d'hostilité laissée par les créatures, il pourrait croire que rien de tout ceci n'est arrivé.
« Les Géants... Des profondeurs du Néant ? »

 

3.

La salle du Pope se trouve près de l'entrée du Temple d'Athéna, derrière les douze Maisons du Zodiaque. Le Grand Pope est le commandant suprême des Saints, et le plus important serviteur d'Athéna.
« Yulij a été enlevée ? » Shun est revenu au Sanctuaire après l'histoire du théâtre de l'Acropole, revêtu de l'Armure d'Andromède. L'armure sacrée est de couleur rose, évoquant plus une robe de femme qu'un habit de guerrier.
« Et zut ! J'étais là et je n'ai rien pu faire ! » Seiya serre les poings, fâché d'avoir laissé les ennemis s'échapper. Lui aussi porte son armure sacrée, qui est surtout un uniforme guerrier. Le fait que les Saints revêtent leurs protections signifie que c'est un conseil de guerre. « Nicole, es-tu blessé ? »
« Je vais bien. J'ai juste été surpris, je ne m'attendais pas à cette attaque. »
Tout comme Seiya et Shun, Nicole est aussi un Saint d'Athéna.
La salle du Pope est entourée de colonnes doriques et décorée de rideaux. Au milieu se trouve une plate-forme légèrement surélevée sur laquelle on peut voir un tapis ainsi que le trône du Pope. Mais personne n'y est assis.
La place du Pope est vide. Nicole, le dirigeant officiel, est en charge de l'administration du Sanctuaire.

Savez-vous, amis lecteurs, combien de constellations y a-t-il dans le ciel ? Selon les astronomes, il y en a 88.
Bien sûr, ce nombre n'est pas absolu, scientifiquement parlant, tout comme la description de ces constellations. En fait, le nombre 88 a été adopté par l'Union Astronomique Internationale en 1930 et est basé sur le modèle classique de Ptolémée. Ce compte "officiel" regroupe ce que les anciennes civilisations savaient déjà avec les découvertes plus récentes, notamment les constellations australes. En tout cas, il est idiot de prendre en compte ces données afin de relater l'histoire des Armures, ce qui est pourtant une tradition depuis l'Âge des Dieux.
Une personne devient un Saint si elle est choisie en tant que représentante d'une constellation particulière. Ces guerriers mettent toujours leur vie en péril pour protéger le monde du mal. Quand leurs forces ne suffisent pas, ils peuvent appeler leur Armure Sacrée. Parce qu'à chaque Saint correspond sa constellation, qu'elle soit boréale, australe ou zodiacale (théoriquement, il y en a respectivement 24, 48 et 12).
Il y a trois rangs de Saints : Or, Argent et Bronze.
Les Saints d'Or représentent le rang le plus élevé et correspondent aux douze Maisons du Zodiaque (leur signe astrologique est d'ailleurs le même que leur constellation protectrice, comme Bélier, Taureau ou Gémeaux). Viennent ensuite les Saints d'Argent, puis ceux de Bronze. Enfin, il y a aussi les soldats ordinaires. Le Grand Pope, responsable du commandement de tous ces guerriers, est lui-même un Saint d'Or, habituellement choisi par son prédécesseur. Les Prêtres peuvent être des Saints d'Argent ou de Bronze. Parmi leurs responsabilités figurent la lecture du mouvement des étoiles, la surveillance de signes d'activité maléfique, l'écriture de l'histoire et la transmission des secrets mystiques pour les générations futures.
Il parait qu'il existe 24 Saints d'Argent et 48 Saints de Bronze. Toutefois, à l'exception des Saints d'Or, personne ne peut dire combien de guerriers de chaque type il existe. Même le Pope ne semble pas connaître le nombre exact d'Armures.
Même l'Histoire du Sanctuaire, où les données sont relativement complètes, ne peuvent donner de réponse exacte. Selon une récente guerre, le plus grand nombre possible de guerriers serait 78. Dans une autre guerre, on parle de 88. On dit parfois que les astronomes ont effectué des calculs indirects à partir de ces notes afin d'établir le nombre "officiel" de constellations, bien qu'il n'y ait aucune preuve. De plus, certaines théories sont contradictoires : par exemple, nous savons qu'il n'y a pas si longtemps, il y avait un Saint de Cerbère, malgré le fait que cette constellation ne figure pas parmi la liste "officielle" des astronomes. La seule chose sur laquelle toutes ces théories sont d'accord, c'est que les Armures n'ont jamais toutes été utilisées en même temps.
Nous ne devons pas oublier non plus que l'univers n'est pas statique. La carte céleste change constamment : beaucoup d'étoiles deviennent des Novas et même l'Etoile Polaire ne reste pas immobile pendant des millions ou des milliards d'années.
Chaque personne nait et meurt sous le destin des étoiles. Le firmament et le monde où nous vivons se reflètent l'un l'autre. Si le monde change, le ciel fait de même, et par conséquent, les constellations qui déterminent les armures sacrées. Ainsi, l'essence des Armures est changeante et les Saints le savent bien.
Malgré ceci, le nombre 88 est resté comme étant le nombre de constellations et de Saints. Aujourd'hui, à l'époque où notre histoire se déroule, il n'y a pas la moitié des Saints d'Athéna sur Terre.

« Ce que Seiya nous a dit pourrait relier la personne qui m'a attaqué au théâtre et les intrus qui ont enlevé Yulij. » Explique Nicole, contractant ses muscles faciaux qui lui font encore un peu mal.
« Mais tu es un Saint d'Argent, comment as-tu pu être désavantagé ? »
« Je ne sais pas quoi dire, Seiya ! » Nicole est confus et embarrassé. « Je suis vraiment désolé pour ceci et pour ce qui est arrivé à Yulij. »
Yulij est à la fois Prêtresse et Saint de Bronze, et est à peu près aussi puissante que Shun, même si elle est une femme. Comme Seiya l'a montré en combattant Agrios, la puissance de combat des Saints n'a rien à voir avec la force brute ou les capacités musculaires.
« Qu'est-il arrivé ? Que veulent nos ennemis ? »
« Je n'en sais rien. Mais au moins, rien n'est arrivé à Athéna. Heureusement ! »
« Comment peux-tu dire "heureusement" dans une situation comme celle-ci, Nicole ? » se fait entendre une douce voix remplie d'amour.
Les rideaux s'ouvrent, dévoilant une jeune femme. C'est la déesse de la guerre et de la sagesse. La vierge éternelle.
Zeus, le dieu des cieux ; Poséidon, l'empereur des mers ; Hadès, le maître des enfers. Athéna, la protectrice de la Terre, avec un pouvoir comparable à celui des trois divinités suprêmes.
« Athéna. » Nicole s'agenouille dans une révérence comme on n'en voit plus depuis fort longtemps.
« Nous ne pouvons pas dire "heureusement" alors que la vie de l'un de mes chers Saints est en danger. » Continue Athéna, se tenant droite. La silhouette de la déesse est d'une beauté singulière. Elle semble avoir le même âge que Seiya et Shun, possède de longs cheveux châtains atteignant ses hanches, et porte une élégante robe blanche. A part sa beauté extraordinaire, elle a l'air d'une jeune fille tout à fait commune.
« J'ai mal choisi mes mots. Pardonnez-moi, Athéna. » dit Nicole en se courbant de plus belle.
« Ne t'inquiète pas. Relève-toi, s'il te plait. » La déesse tend sa main avec une certaine autorité à Nicole, un homme qui semble pourtant plus âgé qu'elle.
« Les Géants... »
« Oui, je sais... » Même sa voix semble divine, manifestant la volonté de la déesse dans le moindre mot prononcé.
« Qui sont ces soi-disant Géants ? »
« Ce sont des géants des anciennes légendes grecques, Seiya, » lui répond Nicole.
« Ah... les légendes... »
« Un jour il faudra que tu viennes avec moi à la bibliothèque afin d'apprendre l'histoire de la création du ciel et de la Terre. »
« Euh... Je ne pense pas que je viendrai. » Dit Seiya d'un air semi-embarrassé.
« Le mot "géant" lui-même provient du nom de ces créatures, » explique Nicole avec une patience incroyable.
« Des géants, comme ceux des histoires pour enfants ? D'accord, ils étaient grands, mais de là à dire que ce sont des géants... »
« Laisse-moi te raconter l'histoire des Géants. » Continue Nicole comme s'il était professeur. « Elle commence lors de l'antique Âge des Dieux, peu après l'avènement des Saints et leur premier combat, dans la guerre contre Poéidon pour la possession de l'Attique. »
Seule la voix de Nicole se fait entendre dans la salle, tandis que les autres écoutent attentivement.
« C'est à cette époque que les Géants ont déclaré la guerre aux Saints afin de dominer le monde. Ces anciennes divinités maléfiques étaient différents des Olympiens tels que Poséidon ou Hadès. Ils s'appelaient eux-mêmes "Enfants de la Terre-Mère" et étaient protégés par les Adamas, plus résistantes encore que l'Orichalque. Ils étaient dotés d'une force supérieure et leur bataille contre les Saints a atteint des proportions épiques. Le prix de notre victoire fût élevé et nous ne l'avons obtenu que grâce à la présence d'Athéna sur le champ de bataille. Presque aucun Saint n'a survécu. »
« Je ne peux pas imaginer une guerre aussi rude. »
« Même si elle a vaincu, Athéna n'a pu détruire ce mal qui était aussi divin et immortel qu'elle. Elle n'a pas eu d'autre choix que de les exiler vers les profondeurs du Tartare jusqu'à ce que leur essence diabolique revienne envahir la Terre. Telle est l'histoire de la Gigantomachie. »
« Gigantomachie ? »
« C'est le nom donné à cette guerre mythologique contre les Géants. » répond Nicole d'un air grave. « Selon l'historien grec Apollodore, Athéna a pénétré le mont Etna en Sicile afin d'emprisonner les Géants. »
« La Sicile, tu dis ? » Demande Seiya. « Athéna... les intrus, ces Géants dont nous parlons, ont dit qu'ils emmenaient Yulij en Sicile. »
« Mais je ne comprends pas... » La voix de la déesse contient de la douleur et de la peur pour ce qui pourrait arriver à Yulij. « Pourquoi ne m'ont-ils pas attaquée directement ? »
« Nous sommes tous inquiets pour Yulij, mais nous devons d'abord découvrir pourquoi les Géants reviennent justement aujourd'hui, eux qui étaient prisonniers depuis des temps immémoriaux. »
« Nous allons en Sicile ! » ordonne Athéna d'un ton solennel.
« Athéna, vous voulez y aller en personne ?! Je n'autoriserai jamais une telle chose ! »
« Nicole... » Sa voix est remplie de compassion. « Je suis heureuse que tu t'inquiètes pour moi, mais je ne peux pas abandonner mes Saints. Quelle mère abandonnerait ses enfants ? »
L'image d'une jeune fille considérant ses Saints comme ses enfants est très poétique et montre sa détermination inébranlable à les protéger. Une déesse prête à se battre pour ceux qu'elle aime.
« Et je la suivrai ! » Le ton haut et fort de Seiya interrompt subitement la solennité du moment. « Je ne sais pas du tout ce que veulent ces Géants, mais je ne peux pas rester assis ici alors que je sais où ils sont ! J'y vais ! »
« Moi aussi ! » Shun acquiesce.
Au bout d'un moment, s'inquiétant pour la sécurité d'Athéna, Nicole décide de reprendre la situation en main, usant de son statut temporaire de substitut du Pope.
« Vous deux irez là-bas ! » Et cette mission est ainsi donné à Seiya et Shun qui acceptent avec enthousiasme. « La première étape est d'enquêter sur les forces ennemies. » Ajoute Nicole. « Ensuite seulement, nous laisserons Athéna prendre une décision. »
« Mais... »
« Tout est déjà arrangé, mademoiselle. » Conclut Nicole, ignorant la tentative de protestation de la déesse.
« J'arriiiiiiiiiiiiiive !!! » braille une voix stridente venant de l'extérieur. Kiki rejoint le groupe dans la salle du Pope.
« Bon travail, Kiki. »
« Maître Nicole, vous aimez abuser des gens ? » provoque le garçon de son ton enjoué. « D'accord, la Sicile est à 800 kilomètres d'ici, mais il m'est difficile de traverser la mer et la péninsule italienne deux fois de suite ! »
« Tu as déjà fait l'aller-retour jusqu'en Sicile, Kiki ? »
« Bien sûr ! » répond Kiki en adressant un clin d'œil à Seiya.
« Tu as l'air en forme ! » commente Nicole en souriant. « Tu as même assez d'énergie pour te plaindre... »
« La téléportation cause une grande fatigue spirituelle, surtout si je viens et repart sans me reposer comme aujourd'hui. »
« J'ai demandé à Kiki de nous trouver un guide. » explique Nicole.
« Et je vous ai dit que téléporter une personne me fatigue deux fois plus ! » Sans s'arrêter de parler, le garçon s'assied par terre. « Non, ça me fatigue quatre fois plus. »
« Un guide ? » Seiya a l'air surpris.
« Vous avez besoin de quelqu'un qui vous indique le chemin. » La réponse a été donnée par une nouvelle voix. « La Sicile est la plus grande île de toute la mer Méditerranée. Tu ne voudrais pas t'y perdre, n'est-ce pas Seiya ? »
Le nouvel arrivant parle avec ironie, en agrippant l'épaule de Seiya, montrant ainsi une certaine intimité. Mais le Saint de Pégase n'a pas l'air de savoir qui ça pourrait être. L'"étranger" est un peu plus grand que lui et montre deux ou trois ans de plus. Il a un tatouage sur son bras et porte des vêtement élimés qui lui donne l'air d'un voyou des rues. Ses cheveux, longs et argentés, sont peignés vers l'arrière, lui créant une expression similaire à celle d'un loup.
« Qui es-tu ? »
« Ah ! Ne fais pas cette tête ! Tu n'as pas changé depuis que tu étais gamin, tu voulais toujours commencer par te battre, tête brûlée. » Il plaisante avec Seiya d'une voix amicale et nostalgique.
« Depuis que j'étais gamin... ? Eh, tu dois être Mei ! »
La découverte oblige Seiya, Shun et Athéna à plonger dans leur mémoire. La présence d'un ami d'enfance ravive les vieux souvenirs et illuminent leurs visages. La déesse, si imposante quelques secondes auparavant, semble se transformer en la jeune fille d'il y a quelques années.
« C'est vraiment toi, Mei ? »
« Tu n'as pas du tout changé, Seiya. Et toi, Shun, es-tu toujours aussi pleurnichard ? Et... » Le jeune homme aux cheveux argentés devient sérieux en se tournant face à Athéna. « C'est un grand plaisir de vous revoir, Mademoiselle Saori. »