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Fafnir
Voir Sigurdr.

Fenrir
Dans la mythologie scandinave, Fenrir est un loup monstrueux enfanté par Loki et la géante Angerboda.
Ce jour-là, les dieux se réunirent autour d'Odin, dans son palais du Walhalla. Pour une fois, il n'était pas question de se livrer aux joies d'un plantureux festin copieusement arrosé d'hydromel, car tous devaient garder l'esprit clair. Le visage grave, ils délibéraient sur les mesures à prendre face au danger qui les menaçait : le loup Fenrir, monstre vorace et cruel, s'apprêtait à attaquer Asgard, le domaine céleste où vivaient les dieux !
Fenrir appartenait à la famille des Géants, premiers occupants de l'Asgard à la création de l'Univers. Chassés par les dieux qui avaient pris leur place, ils attendaient le moment de la vengeance. Fils de la géante Angerboda et de Loki, le loup devait atteindre à l'âge adulte une taille gigantesque. Jamais rassasié, il parcourait l'Univers, avalant tout sur son passage dans le gouffre béant de sa gueule dont une mâchoire touchait au Ciel et l'autre à la Terre.
Les dieux s'étaient mis à le considérer d'un oeil inquiet, et un oracle avait confirmé leurs craintes : Fenrir tramait contre eux une sombre machination, il était urgent de le mettre hors d'état de nuire.
Le conseil des dieux, déjà réuni une première fois sous la présidence d'Odin, dieu de la guerre et maître de la sagesse, avait décidé de ne pas tuer le grand loup, pour éviter de souiller leur règne par un crime : Fenrir serait simplement enchaîné puis abandonné sur une île déserte.
Curieusement docile, Fenrir s'était laissé passer autour du cou une chaîne aux gros maillons d'acier, et déjà les dieux savouraient leur victoire, lorsque le gigantesque animal, étirant ses muscles, brisa ce lien métallique comme un vulgaire fétu de paille. Peu après, une autre chaîne, plus épaisse, subit le même sort. Voilà pourquoi les dieux, vexés de leur échec, s'étaient réunis une seconde fois au Walhalla : "Qu'attend-on pour tuer ce loup de malheur ? rugit Thor, le dieu à la barbe rouge, fils aîné d'Odin. Laissez-moi faire : d'un seul coup de Mjollnir, mon marteau qui ne manque jamais sa cible, je vais de ce pas lui casser la tête. Ensuite nous fêterons la victoire autour d'une table bien garnie !"
Cette sévère assemblée où il ne pouvait contenter son immense appétit avait mis le dieu de fort méchante humeur. Sif, son épouse à la chevelure d'or pur, s'approcha pour l'apaiser. Balder le Juste vint au secours de la déesse ! "Calme-toi, Thor ! Nous devons trouver un moyen d'enchaîner Fenrir, pour prouver que nous sommes les plus forts."
Odin intervint : "Balder a raison, Thor. D'ailleurs ma lance Gunjir ferait tout aussi bien l'affaire que ton marteau. Cependant tu m'as donné une idée : ces deux armes magiques ont été fabriquées par les nains-forgerons. Eux seuls sont capables de façonner une chaîne assez solide pour résister à Fenrir. Allons les trouver sans plus tarder !" Aussitôt un messager des dieux partit pour le pays des nains.
Comme les Géants, le peuple des nains avait dû céder la place aux dieux lors de l'avènement de ces derniers. Ces petits êtres laids et contrefaits avaient alors choisi de vivre sous terre. Passés maîtres dans l'art de forger les métaux, ils travaillaient sans répit. Dans leurs ateliers où régnait une intense activité, ils avaient créé des armes magiques pour les dieux et ciselé de magnifiques bijoux pour les déesses.
Cette fois encore, ils acceptèrent de rendre service aux habitants d'Asgard. Ayant renvoyé le messager, ils se mirent au travail dans le plus grand secret ...
Le maître des forgerons vint en personne livrer le mystérieux ouvrage. C'était un vieux nain à la peau tannée par la chaleur des forges. Les yeux pétillants de malice, il tira d'une besace un long ruban doux comme la soie et léger comme l'air. "Voici une chaîne impossible à rompre ! annonça-t-il aux dieux incrédules. Vous pouvez essayer !"
Perplexes, les dieux firent passer de main en main la longue écharpe soyeuse ; ils la tiraillèrent en tous sens, d'abord doucement tant elle semblait fragile, puis de plus en plus violemment. Lorsqu'elle eut résisté même à la force prodigieuse de Thor, qui banda en vain tous ses muscles pour le déchirer, ils furent enfin convaincus de sa solidité. Curieux, ils demandèrent au nain le secret de ce prodige : "Ce lien est composé à partir de six éléments assemblés selon une recette magique, répondit le forgeron. Ce sont : le miaulement du chat, la barbe de la femme, les racines de la montagne, les tendons de l'ours, le souffle du poisson et la salive de l'oiseau." Satisfaits, les dieux remercièrent le nain et donnèrent rendez-vous à Fenrir dans l'île déserte d'Armwartner, qui dépendait du domaine d'Odin.
Depuis quelques temps, le grand loup était méfiant : les dieux s'intéressaient beaucoup trop à lui et cela ne lui disait rien qui vaille. Quand il les vit arriver pour la troisième fois au grand complet, Fenrir se tint sur ses gardes ; il fit semblant de dormir, mais coula de biais son regard perçant en direction des visiteurs. Les dieux avaient-ils surpris ses projets contre Asgard ? Fenrir redoutait surtout Odin, qui avait le pouvoir de lire dans l'avenir. Le loup savait qu'il devrait attaquer par surprise, mais il n'avait pas encore trouvé le moyen de tromper la vigilance d'Heimdall, placé jour et nuit en sentinelle au pied de l'arc-en-ciel menant au domaine sacré.
Fenrir ne remarqua rien d'anormal sur le visage des dieux ; ils approchaient en bavardant gaiement, et lorsqu'ils furent près de lui, le loup fit semblant de se réveiller, puis ouvrit sa gueule en un immense bâillement qui découvrit ses mâchoires armées de crocs acérés.
Odin l'interpella et le mis au défi de rompre ce ruban qu'aucun d'eux n'avait réussi à couper, pas même Thor.
Le loup géant frémit de colère ; son regard flamboyant se fit plus cruel, un grondement rauque monta de ses entrailles. Il sentait que c'était un piège mais il ne pouvait refuser le défi à moins de passer pour un lâche. Il réfléchit rapidement puis demanda à ce que l'un d'eux place une main entre ses mâchoires pendant qu'il passera l'épreuve.
Les dieux eurent tous une réaction mitigée face à ces paroles et Fenrir était content d'avoir déjoué leur piège manifeste. C'est alors que l'un d'eux s'avança : Tyr, un dieu guerrier vénéré sur les champs de bataille pour sa bravoure, mais aussi pour sa droiture et sa grande sagesse. Modestement, il était resté à l'écart, si bien que Fenrir ne l'avait pas remarqué.
Aussitôt qu'il aperçut Tyr, le loup fut saisi d'un sombre pressentiment qu'il essaya de chasser en pensant qu'aucun des dieux ne serait prêt à perdre une de ses mains. Cependant Tyr, sans un seul mot, sans le moindre tremblement, avait tendu le bras droit et placé sa main devant la gueule du monstre. Fenrir ne pouvait plus reculer : il ouvrit les mâchoires ...
Tout se passa très vite. En un clin d'oeil, le loup fut immobilisé par des mains puissantes, puis ligoté à l'aide du ruban magique. Ensuite les dieux s'écartèrent prudemment, excepté Tyr qui tenait à respecter le marché conclu avec Fenrir.
Le loup tenta de remuer. Il gonfla son poitrail pour rompre le lien : en vain. Ses pattes puissantes ne réussirent pas mieux à briser le ruban. Ecumant de rage, il lançait des regards féroces en direction des dieux qui riaient sans retenue, en se montrant du doigt leur ennemi enfin maîtrisé. Tous se moquaient de lui. Tous ? Non : à son côté, calme et digne, se tenait Tyr. Fenrir serra lentement les mâchoires, sans que le dieu fasse un seul geste pour retirer sa main ; puis, d'un seul coup, il referma la gueule, et de ses crocs aiguisés lui trancha net le poignet.
Le grand loup avait perdu la partie. Les dieux, soulagés, félicitaient leur blessé : le sacrifice de Tyr avait racheté la malhonnêteté du mauvais tour joué à Fenrir. Enchaîné sur l'île, le loup géant hurlait. Alors, avant de l'abandonner, l'un des dieux revint sur ses pas et coinça son épée entre les deux mâchoires de l'animal pour l'empêcher de crier sa rage.
Puis, un jour, vint l'avènement du Ragnarock, le crépuscule des dieux. Les géants s'étaient regroupés et Fenrir avait réussi à se détacher ; tous menaçaient dès lors Asgard où les dieux et leurs hommes venaient à leur rencontre.
A présent, dieux et Géants étaients face à face et, sans perdre un instant, ils se jetèrent les uns sur les autres. Entouré de ses guerrier, Odin chercha son ennemi personnel : le loup Fenrir ! Selon les prophéties, il devait se battre contre lui. Le voici, ce fauve dévorant, qui bondit la gueule béante, soufflant devant lui une haleine brûlante : il crachait des flammes par les yeux et les narines, et lança un long hurlement menaçant. Jamais un loup navait semblé aussi redoutable !
Sans l'ombre d'un tremblement, Odin se précipita sur la bête géante qui l'engloutit aussitôt entre ses mâchoires, sans lui laisser le temps de combattre. Il était dit que le maître des dieux périrait par Fenrir, et la prophétie s'était réalisée. Pourtant le combat n'était pas terminé ... Fenrir n'eut pas le temps de refermer la gueule que déjà Vidar, l'un des fils d'Odin, lui clouait la mâchoire au sol d'un violent coup de pied ; puis il enfonça dans la gueule du loup une épée si longue qu'elle lui transperça le coeur.

Freya (ou Freyja)
Dans la mythologie nordique, la principale déesse des Vanes, Freya, soeur de Freyr, dont le nom signifie "dame", a tendance à être sous-estimée parce que la littérature met l'accent sur les dieux masculins. Or, elle était une figure de pouvoir, honorée non seulement par les femmes, mais aussi par les rois et les héros. Elle partageait les symboles des Vanes (sanglier et bateau) et avait un lien avec le culte du cheval, bien que son charriot fût conduit par des chats. La tradition affirme qu'elle et son frère étaient mariés, et que telle était la coutume chez les Vanes. Elle passait pour avoir accordé librement ses faveurs à tous les dieux et accepté également des rois humains pour amants, les soutenant tout au long de leur règne et les accueillant après leur mort. Jarl Hakon, le dernier roi païen de Norvège, était, disait-on, un fidèle de la déesse Thorgerdr : celle-ci est peut-être Gerdr, l'épouse de Freyr (et toutes deux peuvent être assimilées à Freya). Comme Freyr, Freya est associée aux richesses : elle pleurait des larmes d'or et posédait un magnifique collier, symbole de la Grande Déesse depuis les temps les plus reculés.

Un autre personnage susceptible de représenter Freya est la déesse Gefjun, qui changea ses quatre fils en boeufs et morcela la terre suédoise pour former l'île danoise de Seeland. Le nom de Gefjun, comme celui de Gefn, autre appellation de Freya, vient d'un mot qui signifie "donner". Freya était une déesse du Don : elle accordait la fertilité à la terre et à la mer, et son assistance dans le mariage et la maternité. Son culte était lié d'une part à la protection de la famille, d'autre part à la luxure et à la magie noire. Les Sagas islandaises rapportent un rituel dénommé sejdr, dans lequel une femme parcourt le pays et, du haut d'une plate-forme, répond à des questions qu'on lui pose concernant l'avenir ; c'est Freya qui aurait enseigné cela aux dieux. On a la preuve que la déesse avait des prêtresses (l'une d'entre elles pourrait être la femme de haut rang enterrée sur le bateau funéraire d'Oseberg, dans le sud de la Norvège, au IXe siècle (auxquelles sont attachés des symboles de fertilité, comme les pommes et les noix, ainsi qu'un magnifique char de procession). Frîja, l'épouse d'Odin, a beaucoup en commun avec Freya, et l'une comme l'autre ont peut-être pour origine la déesse germanique Frea, plus ancienne. Toutes deux pouvaient prendre l'apparence d'un oiseau pour se déplacer et sont décrites en train de pleurer (en signe de lamentations sur le sort des fils et des amants).

Un mythe tardif raconte comment Freya obtint son fameux collier. Ce collier avait été fabriqué par quatre nains et Freya, qui le convoitait, chercha à le leur acheter. Mais, pour prix de ce collier, les nains voulaient qu'elle passât une nuit avec chacun d'entre eux ; Freya y consentit afin d'entrer en possession du bijou. Loki, ayant raconté cela à Odin, reçut l'ordre de voler le collier. Il entra dans la chambre de Freya pendant son sommeil sous la forme d'une mouche, puis se transforme en puce et la mordit à la joue, ce qui la fit se retourner ; il put alors défaire le fermoir et emporter le collier. Lorsque Freya s'aperçut de sa disparition, elle devina qu'Odin en était la cause et exigea qu'il le lui rendît. Odin y consentit, à condition qu'elle provoquât entre deux puissants rois une guerre qui devait servir ses propres desseins. Le récit se continue ensuite par une des grandes légendes héroïques de l'époque viking.

Freyr
Dans la mythologie nordique, Freyr est la divinité de la Fécondité et de la Fertilité, présidant aux amours, aux richesses et aux orgies.
Freyr est fils de Njordr et frère de Freya. "Clair et brillant", il personnalise l'essence même de la beauté. Il habite Alfheimr et possède un bateau merveilleux, Skidhbladnirn "qui peut se replier comme un mouchoir et s'emporter dans la poche".
Jamais personne ne pourra le haïr : tel est le privilège qu'il reçoit à sa naissance. Dieu de la Paix, Freyr ne pense qu'à délier les mains de ceux qui sont attachés et à faire des présents. Jamais il ne fait pleurer.
Freyr, un jour, s'assoit dans Hlidskjalf, le siège sacré d'Odin. De là, il voit, dans le monde des géants, une belle fille, Gerd, en conçoit de grands désirs et devient tout triste. Il demande à Skirnir, son écuyer, d'aller la demander en mariage et lui confie son cheval et son épée. Mais Gerd ne se laisse acheter ni par les présents ni par les menaces. Seule la magie la fait fléchir et elle dit au messager : "Barri s'appelle le lieu où tous les deux nous savons un bosquet paisible : dans neuf nuits, c'est là qu'au fils de Njordr, Gerd concédera l'amour".
Marié à Gerd (la Terre), Freyr crée l'abondance et dispense les richesses. Il apporte la pluie et le soleil, juste ce qu'il faut pour faire pousser les récoltes. Succédant à Njordr, il s'installe à Uppsala, y érige un grand temple, y affectant tous ses revenus, terres et biens meubles.
A la fin des temps, Freyr est vaincu et tué par Surtur.